DestinationItalie
Le voyage dans les Pouilles n’est pas tout à fait complet sans la visite de Matera. Matera n’est pas loin : 1 heure de route de Bari. Et pourtant c’est un tout autre monde. Des plateaux assez désolés à perte de vue donnent à la Basilicate des allures de Mongolie. De prime abord Matera semble une ville italienne ordinaire plutôt belle sans être exceptionnelle. Une rue piétonne bordée de palais et de maisons patriciennes mène de l’hôtel de ville à la cathédrale. On y pratique la « volta « le soir à la fraîche consistant à monter et descendre la rue en saluant tous ceux qu’on connaît et qui rendent la pareille. Ordinaire Matera ? Jusqu’à la découverte des Sassi. Cette immense cavité au cœur de la ville dont les flancs sont troués d’habitations troglodytes comme un immense gruyère urbain. Bien qu’habités depuis les Grecs, cela date essentiellement du VIIIème siècle et de la querelle des iconoclastes. L’empereur byzantin interdit toute représentation de Dieu le Père et du Christ. Il s’agissait surtout de saper le pouvoir et la richesse des moines qui vivaient du commerce des images pieuses. Ceux-ci se réfugièrent en masse en Italie du Sud. Et pour mieux échapper à la soldatesque impériale, creusèrent des habitations dans le tuff de ces plateaux. Un concile plus tard les moines obtinrent gain de cause et le culte des icônes repris de plus belle. Le pli était pris à Matera où les habitants s’installèrent à l’abri de toutes les invasions successives dans ces fameux Sassi. Les moines avaient eu le temps de peindre à loisir les murs des églises rupestres. Beaucoup ont souffert du temps et du peu de soin des habitants. Beaucoup sont restées dans leur splendeur byzantine. Jusqu’en 1953 une dizaine de milliers d’habitants très pauvres vivaient encore dans les Sassi dans des conditions sanitaires épouvantables. Voir le film « le Christ s’est arrêté à Eboli ». Classés au patrimoine mondial par l’Unesco en 1993, les Sassi ont fait l’objet de réhabilitation intelligente. C’est aujourd’hui un endroit recherché par les bobos locaux, les artistes, les étrangers attirés par l’originalité et la convivialité du lieu. Leur visite est culturelle certes mais surtout prenante, émotionnellement très forte. Un point d’orgue remarquable au voyage dans les Pouilles. Une nuit à Matera est un format raisonnable. On peut aussi y rester 2 nuits pour approfondir la visite. Le retour de Matera à l’aéroport de Bari par une route parfaite prendra une heure au plus.